Adeline
Qui suis-je ?
Sensible à la Nature depuis mon plus jeune âge, j’ai d’abord investi mon temps dans des études et professions auprès des animaux, domestiques et sauvages, ainsi que dans des missions d’éco-volontariat dans divers pays d’Europe. En 2017, la part nomade en moi m’a invitée à vivre un long voyage à pieds, depuis le Nord du Massif Central jusqu’au Sud de l’Espagne, durant 3 années. Au cours de ce lent périple en autonomie, ponctué de marche et de bivouacs sauvages, j’ai pu activement et concrètement pratiquer la cueillette de plantes sauvages pour me nourrir, parfois uniquement de cela. L’expérience m’a permis, non seulement d’apprendre beaucoup, mais aussi de vivre dans mes cellules l’abondance qui nous entoure et de développer quelques réflexions. J’ai pu aussi mesurer l’importance de la transmission des savoirs sur les plantes, tout en réalisant progressivement qu’y participer m’appelait. Par après, j’ai découvert certaines philosophies derrière le concept de « jardin-forêt » et notamment l’idée de voie du milieu qu’il représente entre deux pratiques a priori antinomiques : l’agriculture et la cueillette sauvage. L’ensemble a déclenché une vocation chez moi en même temps que je terminais mon voyage, et c’est ainsi qu’est né le projet Flora deliciosa, qui m’anime désormais.
Formations
Mon apprentissage des plantes sauvages comestibles a doucement commencé en 2015, de façon autodidacte ainsi qu’en rencontrant différentes personnes qui m’ont partagé quelques connaissances, en France et en Espagne. Pour aller plus loin, en 2019, je me suis initiée à la botanique et aux usages des plantes grâce à Christophe de Hody (Le Chemin de la Nature). Enfin, depuis 2021, afin de me perfectionner dans le but de transmettre à mon tour de façon sûre et compétente, je continue de me former auprès de François Couplan (Collège Pratique d’Ethno-botanique*). L’apprentissage des plantes ne cesse jamais !
Pour la partie agricole du projet, j’ai obtenu en 2021 un BPREA**, qui m’a permis d’acquérir des compétences liées à la gestion d’une ferme agro-écologique, aux productions de plantes aromatiques et médicinales et aux transformations végétales alimentaires. Quant aux jardins-forêt, qui m’intéressent tout spécifiquement, je me suis initiée depuis 2020 à la conception et aux essences botaniques de ces systèmes avec Antoine Talin (Les Alvéoles) et Fabrice Desjours (La Forêt Gourmande).
*Ethno-botanique : étude des plantes et de leurs usages.
**BPREA : Brevet Professionnel de Responsable d’Entreprise Agricole
Flora deliciosa
La philosophie
Ce projet professionnel est donc né d’un voyage nourri de cueillettes sauvages, de découvertes botaniques et de questionnements sur notre monde. Il est à la fois le fruit et le support d’une quête de sens par rapport à notre société. Dans mon expérience personnelle, découvrir la cueillette sauvage et s’en nourrir activement a transformé mon regard sur le règne végétal et renforcé mon lien à la Nature, ou plutôt, au Sauvage. Par ailleurs, et tout particulièrement dans un contexte d’effondrements écologiques liés à nos activités, constater l’abondance naturelle m’a amenée à questionner notre modèle agricole occidental, qui, intrinsèquement, s’oppose à la Nature, et mène une guerre contre le Sauvage.
Dans le même temps, notre société étant entièrement construite autour d’elle, et étant donné que nous sommes peu disposés à redevenir des nomades-cueilleurs, il semble peu réaliste, dans l’immédiat, d’imaginer nous passer d’agriculture. Mais peut-être existe-t-il un autre modèle agricole plus harmonieux avec la Nature, incluant le Sauvage ? Cela serait plus résilient, pour nous-même, comme pour ce qui vit autour de nous… C’est ce que pourraient permettre certains systèmes agroforestiers, ancestraux sous d’autres latitudes. Les jardins-forêts, qui en sont inspirés, me semblent donc être une piste à explorer, et à amener dans le milieu agricole afin que celui-ci puisse évoluer…
Par ailleurs, même si nous ne sommes peut-être pas assez sages pour nous en nourrir uniquement, la cueillette sauvage peut sans doute nous réapprendre à nous relier au Sauvage, à ne plus en avoir peur et à nous harmoniser avec. Cela pose la question centrale de notre rapport à la Nature, et c’est ce qui me semble fondamental, bien au-delà de la connaissance des plantes elles-mêmes. Car enlever des peurs, changer de regard et éliminer de notre langage les qualificatifs tels que « mauvaises herbes », contribueront, voire, seront la condition à des changements de pratiques personnelles, culturelles et agricoles.
Enfin, le point commun des deux thèmes explorés, c’est bien sûr la flore nourricière. –D’où le nom latin, Flora deliciosa, inspiré des noms scientifiques des espèces. Quand on sait que nous consommons aujourd’hui quelques dizaines d’espèces végétales, toutes cultivées, alors que l’on recense plus de 6000 espèces de plantes comestibles sauvages ou que nous pourrions cultiver, cela ouvre encore des perspectives d’évolution de nos pratiques alimentaires…
Tout cela me semble avoir du sens, et c’est avec cette vision que Flora deliciosa vient au monde.
« Botanique le système ! » (Kalune)